Comment devenir photographe auto-entrepreneur ?

Pour devenir photographe auto-entrepreneur (ou micro-entrepreneur), vous devrez vous assurer que votre activité est pleinement compatible avec ce régime particulier. Vous aurez en effet le statut d’artisan et ferez de la photographie dite sociale.

Quelles sont les différences entre un artiste-photographe et un photographe artisan ? Quelles sont les compétences nécessaires pour développer efficacement son activité ? Quels sont les avantages de l’auto-entreprise et comment créer son activité rapidement ? Voici tout ce qu’il faut savoir sur le métier de photographe indépendant.

Photographe auto-entrepreneur : les infos à retenir

Photographe auto-entrepreneur : les missions possibles

La photographie d’art

Le photographe d’art a le statut d’artiste-auteur. Il crée des œuvres uniques, avec pour objectif d’exprimer une émotion, un concept ou une idée. Il expose ses œuvres dans des galeries, musées ou festivals, cherchant à atteindre un public averti et à valoriser son travail auprès de collectionneurs, critiques ou amateurs d’art.

Le photographe d’art indépendant vend ses tirages en éditions limitées, parfois numérotées et signées, pour garantir leur exclusivité. Ces ventes peuvent se faire via des galeries, en ligne ou directement aux collectionneurs.

Il a un statut particulier puisqu’il dépend de l’Agessa (Association pour la Gestion de la Sécurité Sociale des Auteurs), à condition notamment que ses tirages ne dépassent pas 30 exemplaires, tous formats et supports confondus.

Sa rémunération prend la forme de droits d’auteur (considérés comme des bénéfices non commerciaux ou BNC). Le photographe-auteur ne peut donc pas exercer sous le régime de la micro-entreprise.

Le photographe de presse

Le photographe de presse a pour mission d’illustrer l’actualité à travers des images fortes et informatives. Il peut couvrir divers événements, tels que des manifestations, des conflits, des événements politiques, culturels ou sportifs. En plus de la prise de vue, le photographe de presse sélectionne et édite ses images pour les adapter aux besoins des rédactions. Parfois, il travaille en collaboration avec des journalistes pour illustrer leurs reportages.

Le photographe de presse peut travailler pour différents types d’employeurs : 

• Il peut être salarié d’un journal, d’une agence de presse ou d’un magazine, où il couvre des événements assignés par la rédaction. 
• Il peut également avoir le statut d’indépendant ou de pigiste, travaillant à la commande pour plusieurs médias ou vendant ses images à des journaux, sites d’actualités, ou agences photo. Dans ce cas, il doit souvent démarcher des rédactions ou proposer ses clichés directement à des publications intéressées. 

Notez que certains photographes collaborent aussi avec des organismes internationaux ou des ONG pour documenter des situations spécifiques.

La photographie sociale

La photographie sociale (ou d’illustration) consiste à photographier des personnes, conformément à leurs demandes. Le photographe professionnel peut alors intervenir dans plusieurs situations : 

• Shooting lors d’un mariage, d’un baptême ;
• Photos de classe pour un établissement scolaire ;
• Commande spécifique pour une entreprise (photos touristiques ou en appui de ventes).

La prestation de ce photographe ne s’arrête pas à la prise de vue puisqu’il devra également sélectionner et retoucher les photos, transférer les photos à son client ou les développer. Il peut également lui être demandé de réaliser un livre album.

Ce photographe n’a pas le statut d’auteur. La prise de vue et le traitement des images relèvent de la prestation de service, activité compatible avec le statut auto-entrepreneur (ou micro-entrepreneur). Le photographe a ici le statut d’artisan et dépend de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat.

ⓘ Bon à savoir

Un photographe peut cumuler son activité d’auteur affilié à l’Agessa, avec une activité de photographe « social » à la Chambre de Métiers.

Quelles sont les formations pour devenir photographe en auto-entreprise ?

Il n’est pas obligatoire de détenir un diplôme pour devenir photographe professionnel. Néanmoins, se former reste particulièrement recommandé pour délivrer un service de qualité à sa clientèle. Il existe plusieurs formations possibles : 

• Les diplômes universitaires : les licences et masters en arts visuels, photographie ou communication visuelle offrent une formation complète, alliant théorie et pratique.
• Les écoles de photographie : plus coûteuses, ces écoles spécialisées proposent des programmes techniques et artistiques. Ces formations se concentrent souvent sur les compétences pratiques, la gestion de la lumière, la retouche et la composition.
• Les formations professionnelles courtes : certains organismes de formation proposent des stages ou des cours spécialisés, souvent axés sur des domaines précis, comme la photographie de mode, de portrait ou de paysage.

En tant que photographe auto-entrepreneur, il est important de continuer à se former tout au long de sa carrière. Pour cela, vous pouvez participer à des ateliers pratiques ou des séminaires avec des professionnels, afin notamment de profiter d’un retour critique sur votre travail. Enfin, pratiquer régulièrement en expérimentant différents styles et projets personnels est essentiel pour progresser et affiner son regard.

Quelles sont les compétences requises pour devenir artisan photographe ?

Les qualités humaines

Pour réussir en tant qu’artisan photographe, certaines qualités humaines sont indispensables. Elles vous permettront de prendre des images de qualité, tout en établissant une relation de confiance avec vos clients : 

• La créativité pour développer un style unique et capturer des images originales ; 
• Le sens de la communication pour établir un rapport de confiance avec les clients et comprendre leurs besoins ; 
• La patience :pour gérer le temps de la prise de vue puis le processus de retouche parfois long ;
• Le sens de l’adaptation pour être capable de modifier son projet en fonction des situations et des attentes de sa clientèle.

Puisque vous êtes à votre compte, vous devez également vous montrer très professionnel et respecter les délais que vous annoncez.

Les compétences techniques

Pour devenir photographe auto-entrepreneur, vous devez évidemment maîtriser un ensemble de compétences techniques : 

• La connaissance parfaite de votre matériel photographique : réglage d’exposition, vitesse d’obturation, ouverture, choix des lentilles pour la perspective et la profondeur des champs, etc. ;
• La maîtrise des logiciels de retouche photo ;
• Compréhension de la composition et de la lumière ;
• La capacité à utiliser des équipements variés : éclairages studio, filtres, accessoires, etc.

Si vous décidez de varier votre clientèle, il est également recommandé d’avoir une connaissance approfondie des différentes techniques, comme la photographie de portrait, de paysage ou de produit. Cela vous permettra de diversifier votre expertise.

Combien gagne un photographe auto-entrepreneur ?

Le chiffre d’affaires d’un photographe auto-entrepreneur peut varier considérablement en fonction de plusieurs facteurs, tels que : 

• l’expérience ; 
• la spécialisation ;
• sa localisation géographique ;
• son volume de travail. 

Les photographes de mariage ou de portrait peuvent facturer des séances entre 150 et 2 000 euros, selon leur réputation et la complexité du service. Ceux qui réalisent des portraits ou des séances photo commerciales peuvent avoir des tarifs horaires allant de 100 à 300 euros. 

ⓘ Bon à savoir

Pour calculer son revenu final, le photographe auto-entrepreneur doit également prendre en compte ses charges, comme les frais de matériel, de marketing et ses cotisations sociales.

Pourquoi devenir photographe en auto-entreprise ?

Le statut auto-entrepreneur connaît un succès grandissant chez les indépendants. En tant que photographe artisan, vous profiterez des avantages suivants : 

• La rapidité des formalités de création : les démarches administratives pour devenir auto-entrepreneur s’effectuent uniquement en ligne, sur le site du Guichet unique. Une fois votre dossier traité par la Chambre de Métiers et de l’Artisanat (CMA), vous recevrez votre Siret sous 2 à 4 semaines et pourrez donc commencer à facturer rapidement vos premières prestations et ventes.
• Une gestion comptable allégée : la comptabilité de l’auto-entrepreneur est simplifiée. Avec ce statut, vous n’êtes pas tenu de produire des bilans comptables complexes, ni de faire appel à un expert comptable. Vous devrez simplement tenir un livre de recettes et éditer des factures aux normes. 
• Le régime micro-social : vos cotisations sociales sont calculées proportionnellement au chiffre d’affaires que vous déclarez chaque mois ou trimestre à l’Urssaf. Cela signifie que si votre CA est faible, vos charges le seront également. 
• Le régime micro-fiscal : ce statut vous permet de bénéficier d’un abattement forfaitaire de 50 % sur votre CA pour le calcul de votre revenu imposable.

Notez également que le statut auto-entrepreneur vous donne la possibilité de profiter de l’ACRE. Cette aide, accordée sous conditions, vous ouvre droit à une exonération de 50 % sur vos cotisations sociales durant les 4 premiers trimestres civils de votre activité.

💡 Pour aller plus loin : Avantages et inconvénients de l’auto-entreprise

ⓘ Bon à savoir

Le chiffre d’affaires annuel d’un photographe artisan en auto-entreprise est plafonné à 77 700 €.

Comment devenir photographe auto-entrepreneur ?

Pour créer une auto-entreprise (ou micro-entreprise) en tant que photographe, rendez-vous sur le Guichet électronique des formalités d’entreprises (ou Guichet unique). Après avoir créé votre espace personnel, vous devrez fournir plusieurs informations, notamment sur votre micro-entreprise : 

• adresse de domiciliation auto-entrepreneur ;
• catégorie d’activité ;
• régime fiscal ;
• choix de la périodicité pour la déclaration de chiffre d’affaires.

Attention, ces informations vous engagent et ont des conséquences sur la gestion de votre activité. Vos réponses auront un impact sur votre taux de cotisations sociales et votre plafond de CA.

Le Guichet unique vous demandera également plusieurs pièces justificatives :

• Une copie de votre pièce d’identité.
• Un justificatif de domiciliation de votre auto-entreprise.
• Une déclaration sur l’honneur de non-condamnation, datée et signée.
• Une attestation de filiation, datée et signée.

💡Pour aller plus loin : Comment devenir auto-entrepreneur ?

Vous avez la possibilité de réaliser ces démarches seul ou de vous faire accompagner par un expert en micro-entreprise. Attention, un dossier incomplet ou erroné pourrait retarder votre lancement. De plus, il est crucial de fournir de nombreuses informations, notamment fiscales, car cela vous engage sur le long terme.

Une fois validée par le Guichet unique, votre demande de création sera transmise à la Chambre de Métiers et de l’Artisanat.

Si votre dossier est validé, vous recevrez plusieurs documents, parmi lesquels votre extrait d’immatriculation au RNE, votre Siret et votre notification d’affiliation à la SSI. Comptez 2 à 4 semaines.

Quelles sont les charges d’un photographe auto-entrepreneur ?

En tant que photographe auto-entrepreneur, vous devez anticiper les charges suivantes.

Les frais d’installation et de gestion

Avant de devenir photographe auto-entrepreneur, vous devrez prévoir plusieurs types de frais :

• L’achat d’équipements : matériel photographique (appareil photo, objectifs, trépied, éclairage), accessoires (réflecteurs, fonds, etc.) ;
• L’utilisation d’un logiciel de facturation ou de comptabilité pour éditer vos devis, factures et suivre votre comptabilité d’auto-entrepreneur ;
• Les frais de publicité : création d’un site web et de matériel promotionnel (cartes de visite, flyers, portfolios, etc.).

N’oubliez pas également les frais bancaires. Il est en effet obligatoire d’ouvrir un compte bancaire auto-entrepreneur si votre chiffre d’affaires dépasse 10 000 € durant deux années consécutives.

ⓘ Bon à savoir

Il existe des aides ouvertes aux photographes indépendants. Pour les découvrir, consultez notre guide complet sur les financements en auto-entreprise.

Les cotisations et contributions sociales

En tant que photographe auto-entrepreneur, vous devez régler des cotisations sociales à l’Urssaf chaque mois ou chaque trimestre. Celles-ci sont calculées proportionnellement à votre chiffre d’affaires.

En 2024, votre taux de cotisation s’élève à 21,2% pour la prestation de services. Si vous bénéficiez de l’ACRE, votre taux de cotisations sociales sera réduit de 50 % et passera à 10,6%.

Ces cotisations servent à financer votre protection sociale : couverture maladie, retraite, formation professionnelle, etc.

💡 Pour aller plus loin : Les charges de l’auto-entrepreneur

ⓘ Bon à savoir

Si vous faites de la vente de produits, notamment dans une boutique de photographie, vous aurez le double statut de photographe artisan-commerçant. Le taux de cotisations sociales appliqué à vos ventes sera alors de 12,3%.

L’impôt sur le revenu

En auto-entreprise, vous avez deux options pour payer l’impôt sur le revenu (IR) :

• L’imposition classique : vous déclarez votre chiffre d’affaires sur votre feuille d’impôt annuelle, puis l’administration fiscale applique un abattement forfaitaire de 50 % pour calculer votre revenu imposable. Votre IR est alors calculé selon le barème progressif.
• Le versement libératoire : vous payez votre IR en même temps que vos cotisations sociales, selon un taux fixe. Pour les prestataires de service, ce taux est de 1,7%.

💡Pour aller plus loin : Le versement libératoire en auto-entrepreneur

La cotisation foncière des entreprises (CFE)

La CFE est un impôt local dû par les entreprises, y compris les auto-entrepreneurs qui ne disposent pas de local professionnel.

La bonne nouvelle, c’est que les artisans bénéficient d’une exonération totale de CFE. Néanmoins, il semblerait que certains services des impôts des entreprises (SIE) ne l’accordent pas toujours aux photographes artisans. Nous vous recommandons donc d’adresser un courrier de demande d’exonération à votre SIE, en indiquant les références réglementaires sur lesquelles vous vous appuyez (BOI-IF-CFE-10-30-10-20210804 et BOI-IF-CFE-10-30-10-90-20190130).

💡 Pour aller plus loin : La CFE en auto-entrepreneur

Devenir photographe en auto-entreprise : les conseils pour se lancer

La concurrence entre photographes indépendants peut être rude, selon les zones géographiques. Voici quelques conseils stratégiques pour tirer votre épingle du jeu et développer votre activité de photographe auto-entrepreneur : 

• Construire une présence en ligne solide : avoir un site web professionnel vous permettra de présenter votre portfolio, vos services de création photo et pourra inclure des témoignages de clients. En parallèle, utilisez les réseaux sociaux (comme Instagram ou Pinterest)  pour partager votre travail, interagir avec votre audience et promouvoir vos projets. 
• Réseauter et collaborer : le réseautage est crucial pour développer votre activité. Participez à des événements locaux, des expositions ou des ateliers pour rencontrer d’autres professionnels du secteur. Les collaborations avec d’autres entrepreneurs, comme des vidéastes, des graphistes ou des agences de communication, peuvent également ouvrir des portes. 
• Diversifier vos offres : pour attirer une clientèle plus large, envisagez de diversifier vos services. En plus de la photographie de mariage ou de portrait, explorez des niches comme la photographie commerciale, d’événements ou même de produits. Proposer des packages ou des services à la carte peut également répondre aux besoins spécifiques de différents clients. 
• Investir dans la formation continue : le domaine de la photographie évolue rapidement avec les nouvelles technologies et tendances. Pour rester compétitif, investissez dans votre formation en suivant des cours en ligne, des ateliers ou des séminaires. Cela peut inclure des techniques avancées de photographie, de retouche ou même de marketing. 

Évidemment, vous devrez investir dans du matériel photographique de qualité pour satisfaire les exigences de vos clients.

Photographe auto-entrepreneur : questions fréquentes