L’essor du travail indépendant : un levier pour l’indépendance économique des femmes ?
En France, malgré des avancées en matière d’égalité professionnelle, l’entrepreneuriat féminin reste encore largement sous-exploité.
À l’heure où de nombreuses femmes aspirent à plus d’autonomie et de liberté, le salariat traditionnel semble ne plus répondre pas à leurs attentes. Le travail indépendant, sous toutes ses formes, pourrait bien représenter un levier puissant pour leur émancipation économique et pour rééquilibrer vie pro et vie perso.
Mais la voie de l’entrepreneuriat est-elle réellement accessible à toutes ? Et surtout, quelles sont les options les plus adaptées pour entreprendre en toute sécurité ? On fait le point là-dessus.
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Nos experts ont condensé les informations essentielles à retenir sur le régime auto-entrepreneur dans ce guide PDF gratuit de plus de 20 pages : les démarches de création, les différentes charges, les obligations comptables, les plafonds, etc.
Sommaire
Les femmes et l’entrepreneuriat : un potentiel encore sous-exploité
Une dynamique en croissance, mais encore freinée
Selon le Baromètre OpinionWay pour France Active (2024), 59 % des femmes jugent plus motivant d’être entrepreneure que salariée (soit une statistique identique aux hommes). Cette dynamique a progressé de 11% par rapport à l’année dernière, portée par une quête d’autonomie, de sens et de flexibilité.
Pourtant, les femmes représentent seulement 33,1% du nombre total des créateurs d’entreprises en 2024 d’après le Baromètre 2024 de l’entrepreneuriat féminin d’Infogreffe et de l’association FCE France.
Il y a donc encore un écart important entre les projets de création d’entreprise par de femmes et leurs concrétisations, signe que des freins à l’entrepreneuriat féminin persistent, à tort ou à raison.
Qu’est-ce qui motive les femmes à entreprendre ?
Le salariat classique, avec ses horaires rigides et ses plafonds de verre bien scellés, convainc de nombreuses femmes de chercher ailleurs leur épanouissement professionnel.
Toujours selon le même baromètre OpinionWay pour France Active, voici les 3 principales motivations des femmes pour créer une entreprise :
- Recherche de sens : 60 % des femmes souhaitent donner une nouvelle orientation à leur carrière pour donner plus de sens à leur vie professionnelle.
- Concrétiser un projet personnel : 50% des femmes déclarent vouloir donner vie à un projet qui leur tient à coeur.
- Augmenter leurs revenus : 44% des femmes envisagent l’entrepreneuriat pour gagner davantage ou mieux valoriser leurs compétences.
On observe également des écarts marqués par rapport aux hommes pour certaines motivations :
- Sortir d’une situation professionnelle précaire : +9 points par rapport aux hommes.
- Apporter une réponse à un besoin social et/ou environnemental : +12 points par rapport aux hommes.
- Opter pour une façon plus humaine de diriger : +13 points par rapport aux hommes.
Ces chiffres montrent que l’entrepreneuriat féminin est profondément ancré dans des valeurs de résilience, d’utilité sociale et de leadership bienveillant.
Les secteurs privilégiés par les femmes qui entreprennent
Certaines activités attirent particulièrement les femmes en quête d’indépendance, notamment parce qu’elles offrent plus de souplesse, de sens et un contact humain fort.
Selon l’INSEE (Insee Première, n° 1984, 2024), les entrepreneures se concentrent dans plusieurs grands types de secteurs :
- Autres services personnels : 75% de femmes dans cette catégorie d’activités (soins de beauté, coiffure, bien-être, activités liées aux animaux de compagnie, etc.).
- Santé humaine et action sociale : 74% des indépendants y sont des femmes (aide à domicile, médecines douves et alternatives, etc.).
- Éducation et formation : 51% de femmes, avec une forte présence dans la formation professionnelle, le soutien scolaire et les activités para-éducatives.
Ces secteurs sont souvent choisis pour leur utilité sociale et leur capacité à s’adapter à un emploi du temps personnel.
L’entrepreneuriat au féminin : une voie exigeante, pas toujours synonyme de sécurité financière
Créer son entreprise ne garantit pas une indépendance économique immédiate — au contraire, les premières années sont souvent marquées par une certaine précarité — d’autant plus lorsque l’on est une femme.
Selon le Baromètre de la DGE (2025), 26 % des entreprises créées par des femmes avec moins de 1 000 € d’apport initial ont généré moins de 15 000 € de chiffre d’affaires après trois ans. Elles sont également moins nombreuses à créer des emplois (26 % contre 35 % chez les hommes), mais plus nombreuses à maintenir leur activité stable (70 % contre 60 %).
Les statistiques de l’Urssaf (données 2023) montrent également les écarts de rémunération entre les femmes et les hommes qui créent une entreprise :
- Les travailleuses indépendantes déclaraient un revenu annuel moyen de 39 363 €, contre 49 304 € pour les hommes, soit un écart de -20,2%.
- Pour les femmes auto-entrepreneure, l’écart est d’environ 19% avec un revenu annuel moyen de 6 598 € contre 8 135 € pour les hommes.
À ces enjeux économiques s’ajoute une forte polyvalence : les travailleuses indépendantes doivent tout gérer — stratégie, administratif, commercial — souvent en parallèle d’une charge familiale encore très présente.

Les défis spécifiques auxquels sont confrontées les femmes qui entreprennent
Malgré une volonté forte d’indépendance, les femmes entrepreneures doivent encore composer avec des obstacles bien réels.
Un accès au financement limité et encore inégalitaire
Le financement figure parmi les freins les plus cités à l’entrepreneuriat, et les femmes s’y heurtent plus durement que les hommes.
Selon le Baromètre France Active / OpinionWay (2025), 39 % des femmes estiment qu’il leur est plus difficile d’accéder à un prêt bancaire. Cette perception est appuyée par plusieurs constats :
- Elles sollicitent moins souvent des prêts ou des levées de fonds.
- Quand elles le font, les montants obtenus sont inférieurs de 18 à 30 %, en moyenne, à ceux des hommes.
- Elles démarrent leur activité avec moins de capital : 1 femme sur 3 (33%) crée son entreprise avec moins de 2 000 €, contre environ 1 homme sur 4 (26 %).
Malgré cela, les entrepreneures font preuve de grande résilience : 70 % d’entre elles maintiennent leur activité après 3 ans, contre 60 % chez les hommes.
ⓘ Bon à savoir :
Pour corriger ces écarts, des dispositifs comme la Garantie ÉGALITÉ Femmes ont été mis en place. Ce dernier a permis d’accompagner plus de 30 000 femmes dans leur recherche de financement depuis leur lancement.
La double peine : charge mentale et équilibre fragile
Créer son entreprise demande déjà beaucoup. Mais pour une majorité de femmes, cela s’ajoute à une charge domestique et familiale encore largement déséquilibrée.
Selon une étude du Ministère de l’Égalité entre les femmes et les hommes (édition 2024), les femmes assument toujours la majorité des tâches ménagères et parentales. En couple, avec au moins un enfant, 73,4 % des femmes déclarent effectuer des tâches ménagères tous les jours, contre 44,1 % des hommes. Cela réduit leur disponibilité mentale, leur temps pour développer l’activité et peut freiner leur croissance.
Cette double peine, invisible mais bien réelle, reste l’un des obstacles majeurs à une réelle égalité dans l’accès à la réussite entrepreneuriale.
Isolement et manque de réseau et d’accompagnement
Le réseau est un levier fondamental de réussite en entrepreneuriat… mais encore inégalement réparti :
- Les femmes sont moins présentes dans les réseaux d’affaires traditionnels, souvent perçus comme masculins.
- Elles bénéficient moins souvent de mentorat ou de sponsor stratégique.
- Résultat : moins de financements, moins d’opportunités, moins de visibilité.
Selon France Active, seulement 23 % des femmes entrepreneures bénéficient d’un accompagnement structuré, contre 32 % des hommes.
Des solutions pour lever ces freins
Bonne nouvelle : les lignes bougent. De plus en plus de réseaux féminins voient le jour, à l’image de Femmes des Territoires, Action’elles ou encore Les Premières, des incubateurs dédiés à l’entrepreneuriat féminin.
Leur objectif : proposer un accompagnement sur mesure, favoriser l’accès aux financements spécifiques, former sur la gestion et le développement d’entreprise, mais aussi rompre l’isolement grâce à des ateliers de networking.

Le portage salarial : une solution hybride entre entrepreneuriat et salariat pour l’indépendance économique des femmes ?
Ni complètement salariée, ni totalement indépendante, le portage salarial est une forme d’activité professionnelle à mi-chemin entre l’emploi classique et l’entrepreneuriat. Voici les grandes différences avec la micro-entreprise et pourquoi le portage salarial peut être une solution pertinente pour les femmes en quête d’indépendance.
Qu’est-ce que le portage salarial ?
Le principe repose sur une relation tripartite entre vous, la société de portage salarial, et votre client final. Voici le fonctionnement dans les grandes lignes :
- Comme une véritable professionnelle autonome, vous trouvez vos clients et fixez vos tarifs pour vos missions ;
- La société de portage salarial vous « embauche » officiellement via un contrat de travail (CDI ou CDD) ;
- Puis elle facture vos prestations à vos clients, encaisse les paiements et vous reverse un salaire, après prélèvement de frais de gestion.
Vous bénéficiez ainsi du statut de salariée (sécurité sociale, retraite, chômage, mutuelle) et d’une grande liberté et autonomie dans votre travail. Et le tout sans avoir à créer une auto-entreprise, à gérer votre comptabilité, ou à rendre des comptes à un patron !
Portage salarial vs micro-entreprise : quelles sont les différences ?
Voici un tableau résumant les principales différences entre le portage salarial et le statut d’auto-entrepreneur :
Critère | Portage salarial | Micro-Entreprise |
Statut | Salariée | Travailleuse indépendante |
Création d'entreprise | Pas nécessaire, aucune démarches à accomplir | Oui, à faire via le Guichet Unique de l'INPI |
Protection sociale | Complètement identique à celle d'un salarié (chômage, retraite, IJ, etc.) | Moins protectrice (pas de chômage, retraite et IJ plus faibles, etc.) |
Mutuelle collective | Obligatoire (financée à 100% par la salariée portée) | Facultative (financée à 100% par la micro-entrepreneure) |
Assurance RC Pro | À la charge de la société de portage | À la charge de l'auto-entrepreneure |
Formalités administratives et comptabilité | À la charge de la société de portage | À la charge de l'auto-entrepreneure |
Qualifications professionnelles | Au moins diplôme de niveau 5 (Bac +2) ou 3 ans d'expérience dans le métier | Dépend de l'activité exercée |
Rémunération | ≈ 45% du CA facturé | ≈ 75% du CA facturé |
Déduction des frais pro | Possible (mais diminue la rémunération) | Impossible (mais abattement forfaitaire de 50% ou 34%) |
Impôt sur le revenu | Rémunération soumise au barème progressif | Versement libératoire (1,7% ou 2,2%) ou CA après abattement soumis au barème progressif |
Activités éligibles | Restreint aux activités libérales (conseil, formation, développeur web, graphiste, etc.) | Activités artisanales, commerciales et libérales |
CA minimum | Oui, environ 5 000 à 6 000 € /mois pour assurer le salaire brut minimum obligatoire d'environ 2 900 € /mois | Non, pas de CA minimum obligatoire : si CA = 0€ → cotisations sociales = 0€ |
Plafond de CA | Non, aucune limite | Oui, 188 700 € de CA HT/an pour les ventes de marchandises et 77 700 € pour les prestations de services |
En micro-entreprise, vous êtes totalement libre, mais vous devez tout gérer vous-même. En portage, vous pouvez restez concentrée sur votre activité, la société de portage se chargera de toute la partie administrative.
🔗 Pour en savoir plus, consultez notre comparatif détaillé entre le portage salarial et le statut auto-entrepreneur.
Pourquoi le portage salarial est-il une solution pertinente pour les femmes en quête d’indépendance ?
Pour beaucoup de femmes qui souhaitent se lancer sans tout risquer, le portage salarial apporte la sécurité du salariat avec la flexibilité de l’indépendance.
C’est une solution idéale pour :
- Tester une activité avant de créer une structure juridique ;
- Valider un modèle économique en limitant les risques ;
- Développer un réseau professionnel tout en étant protégée ;
- Conserver une protection sociale complète, précieuse notamment en période de transition ou de reconversion.
💡 Vous pouvez même cumuler portage salarial + micro-entreprise si vous le souhaitez, pour optimiser vos revenus et votre protection sociale.

En conclusion : trouver le bon équilibre pour entreprendre sereinement
Le travail indépendant représente aujourd’hui un levier puissant d’émancipation financière pour les femmes. Il offre des perspectives d’autonomie, de flexibilité et de réalisation personnelle, dans un monde professionnel où les plafonds de verre sont encore bien présents.
Mais entreprendre ne s’improvise pas : chaque parcours est unique et les défis sont nombreux, qu’il s’agisse d’accéder au financement, de gérer la charge mentale ou de développer un réseau solide. Micro-entreprise, création d’une société, portage salarial… il n’y a pas de solution miracle, mais des options à adapter à vos ambitions, vos contraintes et votre appétence pour la prise de risque.
Pour celles qui souhaitent se lancer en toute sécurité, sans renoncer à leur indépendance, le portage salarial constitue donc une alternative rassurante.